Ousmane Dia: La naissance du monstre
La naissance du monstre, toute une histoire !
En premier plan une chaise gigantesque semble délivrer un monstre de fer, un monstre recroquevillé en position de fœtus.
Derrière se dressent cinq pelles, symbole d’universalité́. Le chiffre 5 représente également l’harmonie et l’équilibre, la volonté́ divine, la perfection, les cinq continents. La pelle évoque le travail. Le travail noble et le travail lugubre. Prométhée confectionne l’homme de boue et le Dr Frankenstein déterre les cadavres.
Au centre surplombe un globe littéralement assiégé́ de chaises. Le monde envahi et fissuré par la folie humaine.
A l’arrière-plan, une échelle cherche à atteindre les cieux, le divin, mais elle se disloque peu à peu comme une double hélice d’ADN qui se sépare. C'est la limite de l'homme.
Prométhée enseigna la métallurgie à l’homme et Ousmane Dia réalise une sculpture de titan en fer forgé, un bel hommage. Il intègre parfaitement la dimension symbolique et contemporaine du mythe Frankenstein. La fascination mêlée de peur que l’homme a de ses propres créations. Notre vulnérabilité́ face à̀ la mégalomanie démesurée de nos inventions. Le chaos par nous créé́ et le remord de notre humanité́.
© Maya White
Ousmane Dia
Artiste plasticien sénégalais et suisse, enseignant d’arts visuels au Cycle d'orientation de la Seymaz, Ousmane Dia vit et travaille à Geneve depuis plus de 18 ans. Diplômé de l’Ecole Nationale des Beaux-Arts de Dakar, il complète ses études avec un Post-grade en sculpture à l’Ecole Supérieure d'Arts Visuels de Genève et obtient son diplôme en 2001.
Ousmane Dia travaille à partir de métaux de récupération, signe de mise en valeur et de respect pour des matières façonnées par l’Homme. Il s’agit là d’une volonté de reprendre là où il a été interrompu, le parcours d’une matière et de poursuivre son histoire.
Les œuvres d’Ousmane Dia interpellent par leur relative facilité d’approche et pourtant… l’harmonie et l’équilibre subissant l’assaut du temps et de la rouille avec une telle maîtrise ne doit pas faire oublier au public que le point de rupture si proche n’est improbable que par la volonté de l’artiste.
Il travaille la chaise, inlassablement, méticuleusement la même. Dans ses œuvres, la chaise est devenue omniprésente. D’abord une recherche formelle elle devient obsessionnelle. Elle est la palette de l’artiste.
Dans les dernières pièces d'Ousmane Dia, la chaise prend ses aises. Elle tourbillonne, elle danse, elle témoigne, elle affirme.
Un artiste à suivre.....
© Maya White – Septembre 2015